Réglé comme un métronome depuis
Unhallowed à raison d’un album tous les deux ans, The Black Dahlia Murder (TBDM) revient (après un DVD
Fool 'Em All sorti l’année dernière) ainsi livrer son habituel death/thrash mélodique hybride (difficile à étiqueter), croisement moderne entre metal US et scandinave. Rien de révolutionnaire ni de réellement marquant certes mais une musique « cassage de nuque » à la précision chirurgicale (a fortiori en live) née début 2000 (les années fac…encore jeune et innocent) et qui aura su toucher un panel assez large. En légère perte de vitesse depuis
Deflorate, la bande de Trevor avait su redonné le sourire à ses adeptes sur le précédent opus
Everblack, sourire qui s’estompera peu à peu la moitié de la galette passée. Pour ce septième album
Absymal (oui TDBM aime les titres brefs), le groupe de Detroit retrouve Mark Lewis (Arsis, Cannibal Corpse, Deicide, Kataklysm…) pour la production, le gaillard s’était occupé d’un certain
Nocturnal. Une certification de poids.
La pochette outrancière de l’Ukrainien Daemorph (coutumier des groupes « brutal death ») pourrait tromper sur la cuvée 2015, pourtant TDBM livre bien sa recette familière mais pour un rendu plus épuré. Le groupe délaisse donc les quelques expérimentations antérieures ou ses penchants mid-tempo pour désormais tenir en haleine de bout en bout, depuis le départ canon « Receipt » à la conclusion « That Cannot Die Which Eternally Is Dead ». De facto des riffs incisifs taillés pour agripper le tympan (« Asylum » simple et imparable) soutenus par des refrains à hurler dans son salon (les chœurs de « Vlad, Son of the Dragon » : « Kill them all ! »). Trevor use évidemment de ses modulations et poussées criardes caricaturales mais avec un débit encore plus hallucinant, l’épileptique « Threat Level Number Three » comme vitrine parfaite ou un flux de paroles suivant la noire à 240 BPM ! Comme une sorte de retour à l’efficience d’antan mais avec la bouteille actuelle. Les ponts et les breaks paraissent eux mieux placés et surtout plus redoutables, sans casser la dynamique ou tout simplement pour déverser une déferlante de face. « Abysmal » à 1:47 (venu de nulle part) vaut son pesant de nerfs coincés. Une mandale portée par le jeune batteur Alan Cassidy, un jeu soutenu peu subtile il est vrai mais ô combien écrasant, décuplé par un son surpuissant.
Trevor aux goûts particulièrement raffinés (chroniqueur sur le fameux webzine Metal Injection), piochera encore dans ses styles de prédilections (outre la perfusion At The Gates) : le break de « Threat Level Number Three » (Cattle Decapitation ?), les mélodies « Sognametal » et la violence norvégienne de « The Fog » voire même les virées horrifiques kitsch (Cradle Of Filth) de « Vlad, Son of the Dragon » ou les introductions symphoniques de « Receipt » ou « That Cannot Die Which Eternally Is Dead » (Fleshgod Apocalypse). Assez éparse sur le papier, sauf que la sauce prend parfaitement, le rendu final demeure tout à fait homogène. Evidemment le frontman gère en grande partie la composition mais Ryan Knight semble se lâcher d’avantage (« Re Faced ») et proposera des soli survoltés sur chaque morceau, Arsis n’est plus si loin. Pas de sans faute pour autant, « The Advent » moins inspiré que le reste (chute de studio ?) ou le trip difficilement compréhensible « Stygiophobic » qui joue sur l’ambiance mais ne fonctionne pas vraiment.
37 minutes quasi sans temps-mort (la curiosité « Stygiophobic » de côté) pour certainement leur album le plus abouti et fluide depuis
Nocturnal. Peut-être que les « gros » hits antérieurs manquent, peut-être que la galette tire sur la fin, peut-être manque-t-il ce brin de folie, peut-être suis-je trop indulgent en ce moment mais fichtre l’efficacité dégagée me renvoie il y a plus de dix ans en arrière, « headbanguant » comme un demeuré devant le clip de « Funeral Thirst »… Un brin de nostalgie des plus délectables, le t-shirt délavé The Black Dahlia Murder de l’époque ressorti. Le Dahlia Noir frappe fort.
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16/09/2015 20:03
16/09/2015 08:43