Black Sabbath - 13
Chronique
Black Sabbath 13
On avait tellement attendu l'ultime album de BLACK SABBATH avec le line-up historique au quasi grand complet (manque Bill Ward) que l'accueil du disque quand il est enfin sorti a été plus que complaisant. On aura tout entendu.
Il y a ceux qui ont dit "ça fait quand même plaisir de les voir enfin réunis" car ils avaient oublié que le gang, dans cette configuration, s'était produit pendant presque dix ans entre 1997 et 2006.
Il y a ceux qui ont dit "Ozzy a toujours de la voix, je suis rassuré", comme si le Madman n'avait pas une carrière solo.
Et puis il y a ceux qui ont dit que l'album sonnait aussi bien que les premiers SABBATH, juste parce que c'est plus facile d'être complaisant et de dire ce que les fans ont envie d'entendre.
Mais tout cela, c'est du flan. En réalité, même si 13 est un disque qui se laisse écouter, même si certaines pistes ont un petit goût de revenez-y, grâce à des gimmick qui renvoient à l'âge d'or du Sab (les cloches au début de "End Of The Beginning", la pluie à la fin de "Dear Father") les huit pistes de cette galette trop grasse n'ont plus grand chose à voir avec la musique écrite et interprétée par BLACK SABBATH entre 1970 et 1979.
Car c'est bien à cet âge d'or fantasmé que veut faire penser 13, comme dans les années 1990, quand le Grunge revendique le Sab comme influence majeure, oubliant que le groupe n'a jamais cessé d'être actif et qu'il a essayé de maintenir le cap, contre vents et marées, en ajustant sa musique à l'air du temps, mais sans jamais vendre son âme au diable.
Pourtant, la réunion du groupe en 2012 a fait table rase des années sans Ozzy et recentré le répertoire sur les morceaux les plus célèbres des albums les plus réputés. A quelques iota près, issus de 13, la setlist de BLACK SABBATH entre 1997 et 2006 est la même que celle des concerts donnés par le gang entre 2012 et 2017. Les fans ont d'ailleurs baptisé cette succession de titres entendus et réentendus les awfull eignt!
Ce dernier album de BLACK SABBATH s'adresse-t-il aux fans oldschool qui ne jurent que par Ozzy ? Pas vraiment. En effet, même si les brummies veulent marquer un retour aux sources, leur dernière mouture ne sonne pas tant que cela comme "au bon vieux temps". Ce n'est pas tant la voix de Ozzy qui est à mettre en cause. Le madman n'est pas si rouillé que cela. Il n'a jamais été un virtuose et sa tessiture est restée plutôt fidèle celle de la belle époque. Ce n'est pas non plus au niveau des paroles, bien dark, écrites comme au bon vieux temps par Geezer Butler.
Non, le problème vient plutôt de la batterie, car on a beau avoir sollicité le véloce Brad Wilk aux fûts, l'ex RATM n'a pas la frappe subtile et jazzy de Bill Ward.
Surtout, le Tony Iommi de 2013 n'est pas le Tony Iommi de 1969. Le bonhomme est toujours capable de sortir du riff qui fait mouche, mais il se sent obligé de nous assener un solo par morceau, ce qui plait peut être aux fans de branlette de manche mais ne sonne pas du tout comme les premières galettes du Sab où les soli étaient plus rares et opportuns que dans 13.
Produit par Rick Rubin, 13 n'est ni un mauvais disque, ni un album exceptionnel. Il contient de bonnes chansons qui s'écoutent avec plaisir mais n'ont aucune chance de devenir des standards de BLACK SABBATH. C'est néanmoins un disque qui ne jure pas dans une discographie éclectique. Ce n'est pas juste du fan service, mais ne vous attendez pas à être scotchés au plafonds !
| rivax 5 Août 2018 - 1828 lectures |
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