Astriferous - Raise High The Scepter Of Indulgence
Chronique
Astriferous Raise High The Scepter Of Indulgence (Démo)
Pour la première fois sur Thrashocore nous allons parler aujourd'hui d’un groupe originaire du Costa Rica. Si Metal Archives compte tout de même 264 entrées pour ce petit pays coincé entre la mer des Caraïbes et l’océan Pacifique, Astriferous n’en demeure pas moins la première à trouver grâce aux yeux de votre webzine préféré (enfin on l’espère).
Fondé en 2018 à San José, Astriferous va se monter à l’initiative de quatre musiciens évoluant déjà dans d’autres formations telles que Deplorable et surtout Bloodsoaked Necrovoid dont on parlera prochainement. Après quelques mois passés dans l’ombre à composer, répéter et enregistrer ses premiers titres, le groupe sort en février 2019 sa toute première démo intitulée Raise High The Scepter Of Indulgence. Parue tout d’abord sous forme numérique et en autoproduction via Bandcamp, celle-ci sera rapidement éditée au format cassette par les labels Desert Wasteland Productions (Charnel Altar, Encoffinized, Boethiath...) et Me Saco Un Ojo (Undergang, Wormridden, Gorephilia...).
Au programme de cette dernière, quatre titres d’un Death Metal à l’ancienne introduit par quelques nappes de synthétiseur aux délicieuses sonorités eighties. Une entrée en matière délivrant une atmosphère pour le moins horrifique bien qu’un peu datée et qui naturellement en dit long sur les intentions d’Astriferous. En effet, ce dernier n’entend pas relever ce défi utopiste et surtout inutile qui consisterait à réinventer le Death Metal mais plutôt rendre tout simplement hommage à ses aînés en marchant avec humilité et déférence dans les pas de ces groupes qui pour la plupart ont ouvert la voie. Du coup, si tout au long de ces dix-huit minutes vous entendez un peu d’Incantation, un peu de Depravity, un peu d’Autopsy ou un peu de Demigod, n’y voyez pas là le fruit du hasard mais belle et bien la volonté d’un groupe misant toutes ses billes sur l’efficacité et l’amour du Death Metal, le vrai, celui qui pue, qui suinte et qui dégouline.
A l’aide d’une production dans son jus ou devrais-je plutôt dire parfaitement adaptée à la situation (des guitares avec du grain, beaucoup de grain, une batterie naturelle, presque dépouillée, un growl légèrement en retrait, une basse ultra saturée, etc), Astriferous va s’évertuer avec un brio à reprendre tous les poncifs du genre. Certes, on ne peut pas dire que le groupe fasse preuve de beaucoup d’originalité ni ne cherche à développer un semblant de personnalité à travers ses compositions mais comme souvent, ceci n’a pas vraiment d’importance ici.
Pour être certain du résultat lorsque l’on mise sur l’efficacité, il faut des riffs suffisamment solides pour espérer convaincre et offrir également une certaine dynamique. Pour le coup, les deux guitaristes derrière Astriferous s’en sortent très bien avec un mélange de riffs à trois notes aussi rudimentaires qu’efficaces (ces trémolos infernaux qui pullulent tout au long de ces dix-huit minutes, notamment sur les deux premiers morceaux "Mother Of Abominations" et "Negative Hesychasm") et de séquences de tricotages à faire sourciller les amateurs de Morbid Angel, Immolation, Blood Incantation et compagnie (les dernières parties un poil plus tarabiscotées et soutenues de "Negative Hesychasm" ou encore de l’excellent "Mind Bending Distortions"). S’ils sont à l’inverse à l’économie sur les passages plus insidieux et pesants, c’est bien évidemment pour mieux mettre en lumière l’atmosphère alors sensiblement plus suffocante qui en découle. On appréciera également cette brève introduction acoustique dispensée en préambule de "Mind Bending Distortions" qui permet de varier les sonorités sans néanmoins trahir l’ambiance générale. Dans tous les cas, le résultat est suffisamment satisfaisant pour que l’on puisse prendre du plaisir à chaque nouvelle écoute.
Côté cadence de feu, Astriferous ne démérite pas là non plus et à le bon goût de brasser large avec, comme chez Bloodsoaked Necrovoid, un intérêt certain pour les passages plombés et lourdingues (les premières secondes de "Mother Of Abominations" (enfin une fois passé cette fameuse introduction à base de synthé), "Negative Hesychasm" à 1:14, la première partie de "Veil Not Your Vices In Virtuous Words"). A l’inverse, lorsqu'il s’agit de cavaler (la plupart du temps, pour ceux qui s’en inquiéteraient), les Costaricains ne font pas semblant avec ce qu’il faut d’accélérations haletantes à base de tchouka-tchouka, semi-blasts et autres joyeusetés du même acabit exécutées tête dans le guidon.
De bonnes surprises en provenance du Costa Rica, on en a reçu bien peu depuis que le webzine existe. Celles-ci se comptent d’ailleurs sur les doigts d’une seule main en vingt ans de Thrashocore. Alors forcément il y a de quoi être enthousiaste lorsque l’on pose coup sur coup ses oreilles sur deux groupes qui valent le coup que l’on s’y intéresse. Si on reparlera de Bloodsoaked Necrovoid très prochainement, cette première démo d'Astriferous ne devrait pas manquer de susciter un brin de curiosité chez tous les amateurs de Death Metal à l’ancienne qui n’ont pas peur de ce qui transpire et suinte un peu.
| AxGxB 31 Janvier 2020 - 705 lectures |
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