« I am the keeper of the flame
I am a reliquiae of ancient times »
En deux lignes de chant ultimes sur le ravageur morceau « Cold Wind », Andy Kuntz vient de résumer
Vanden Plas. Ces vestales du metal progressif ancestral nous viennent de Kaiserslautern en Allemagne et veillent sur son temple depuis 1986. Après quelque sorties destinées aux supporters de leur club de cœur, le 1. FC Kaiserslautern, ils ont accouché d'un premier album efficace avec
Colour Temple, en 1994. Ils ont confirmé leur virage progressif avec deux albums très réussis,
The God Thing (1997), aux structures très travaillées, qui franchissaient un cap niveau virtuosité, et un premier chef-d'oeuvre,
Far Off Grace, en 1999. À coup de brûlots mémorables, ils parviennent donc à jouer dans la même cour que certaines légendes du metal progressif, comme
Dream Theater et
Fates Warning. Mais alors qu'ils enchaînent les albums éminemment qualitatifs, ils ne rencontrent pas exactement le même succès que leurs inspirations américaines. C'est donc une tentative de réhabilitation pour ce groupe injustement sous-côté aujourd'hui que je m'efforce d'écrire, à grands coups de chroniques dithyrambiques qui célèbrent les multiples facettes du génie de ces cinq bonshommes qui ont réussi, ce n'est pas une mince affaire, à maintenir un line-up stable depuis 1990, avec Torsten Reichert (basse), Stephan Lill (guitare), Günter Werno (claviers), Andreas Lill (batterie) et Andy Kuntz (voix). En effet, malgré une certaine aura chez les initiés, ces cinq gardiens de la flamme mériteraient davantage que la place qui leur est réservée de nos jours : disons-le tout net, un fauteuil de roi au panthéon du metal progressif.
Et ce n'est pas
Beyond Daylight, leur album de l'année 2002, qui me fera mentir. La recette secrète qu'ils mijotent depuis leurs débuts bouillonne à nouveau ici. Cette magie qui se dégage des riffs fulgurants qu'ils pondent à longueur d'album opère à plein régime, à commencer par l'extrait choisi pour ouvrir cette chronique, « Cold Wind ». Après cette ouverture intimiste au piano, un morceau à l'atmosphère sombre et agressive vient défoncer la porte avec perte et fracas. Ce pattern de claviers de Günter Werno, superposé à un « palm mute » ravageur de Stephan Lill, affirme déjà avec force la touche
Vanden Plas. Le mid-tempo contemplatif et barré qu'ils s'autorisent après avoir posé les bases de leur morceau montrent leur capacité à renouveler une créativité typiquement progressive. Mais c'est dans ses refrains que l'alchimie incroyable entre les cinq Caseloutrins explose, parvenant toujours à toucher mes entrailles avec une régularité impressionnante. Le feeling heavy qui émerge de cet album, avec ses mélodies de guitares déchaînées, ses paroles emblématiques et ses assauts de batterie d'une efficacité remarquable me rassasie pleinement. Avec « End of All Days » et son arpège initial aux airs de tube instantané qui fusille l'inconscient comme le faisait « Rainmaker » dans leur deuxième effort, les Allemands livrent un morceau totalement épique qui répand ses « power chords » à l'aide d'une production ample. Ce morceau part dans tous les sens avec ses soli de clavier « wave » et ses envolées shrediennes virtuoses, preuves qu'ils sont capables des plus grandes prouesses techniques, sans jamais donner dans la démonstration. Ils privilégieront toujours l'efficacité immédiate, credo qu'ils exploitent avec réussite dans « Phoenix », au refrain gravitationnel :
« When the phoenix going to rise
And the sunlight shines again,
Let a freedom cross these minds
Fly to the sun! »
Ces choeurs qui soulignent la mélodie démente guidée par Andy Kuntz et cette pluie de clavier permanente impulsée par Günter Werno sur les couplets en fait un morceau incandescent qui maintient le groupe au sommet de leur art. Une preuve qu'après quatre albums, la formule adoptée par
Vanden Plas ne s'essouffle pas : ce feeling épique qu'ils offrent à leurs compositions fonctionne à plein régime et sculpte des riffs ciselés, capables de flatter les oreilles à la première écoute et de persister dans le temps. Certes, ils n'ont pas la même cadence de sortie que leurs modèles outre-Atlantique, ce qui explique peut-être également ce statut qui n'est pas, aujourd'hui, à la hauteur de la qualité de leurs sorties successives. C'est d'autant plus injuste que contrairement à leurs modèles américains, les Allemands n'ont commis aucun faux-pas ou faute de goût, se fendant toujours de sorties abouties, qui témoignent de cet intervalle de plusieurs années qu'ils laissent entre leurs albums pour renouveler leur metal progressif. Sur
Beyond Daylight, le quintet vêtit la plupart de leurs morceaux de refrains aériens et contemplatifs en mid-tempo qui planent au-dessus de la mêlée, établissant leur personnalité et leur approche atypique du genre. « Nightwalker » sert de mètre étalon pour un album parsemé de moments de grâce absolus : « Scarlet Flower Fields » confirme avec son refrain céleste la manière particulière avec laquelle cette nouvelle fournée est pétrie. À tel point que ce quatrième full-length en vient à porter une signature particulière, renforcée par la production limpide que leur offre le Bazement Studio. Seul « Free The Fire » et son tempo déchaîné qui impulse un power metal évoquant
Symphony X, fait figure d'exception à l'échelle d'un disque qui compte essentiellement des rythmiques écrasantes, renforcées par les coups de boutoirs du maestro Stephan Lill et les riffs orageux de son frère Andreas.
Alors oui, cet opus compte tout de même quelques longueurs, comme la ballade « Can You Hear Me », moins marquante que les salves aériennes qui défilent avec régularité sur ce
Beyond Daylight. Avant la reprise carabinée de
Kansas, « Point of Know Return », le morceau-titre stratosphérique qui concluait l'album avait lui aussi tendance à se perdre dans un duel piano/voix certes poignant, mais un peu suranné. De manière générale, leur solide embarcation penche un peu trop vers le mid-tempo en 2002 ; baste, les Allemands retombent toujours sur leurs pieds en livrant une offrande cohérente à laquelle je pardonne bien vite les errements. Il faut dire que ce colosse nyctalope attendrissant compte également son lot de moments inoubliables, à commencer par ce dernier refrain fédérateur. « Follow me into my world », nous chante Andy Kuntz avec son charisme éclatant. Comme les rats ensorcelés par le joueur de flûte de Hamelin, je lui emboîterai le pas, bien que ma conscience professionnelle me contraigne à relever ces quelques gimmicks de composition vieillots qui font et feront toujours le charme de
Vanden Plas. Nul doute qu'ils continueront de me séduire par la suite.
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