Il fut un temps où j'étais fan de Manson, il y a de ça très longtemps. Comme beaucoup de metalleux en devenir, ce groupe a été une de mes portes d'entrée vers cette musique que j'écoute maintenant depuis plus d'une décennie. Puis un jour on découvre d'autres groupes, d'autres styles, certains albums commencent à prendre la poussière comme si leur intensité faisait partie du passé. Mais il suffit de peu de choses pour que tous ces bons moments s'extirpent des tréfonds de votre cerveau, un seul titre, une seule mélodie que vous pensiez avoir oublié.
"Antichrist Superstar", "Mechanical Animals
", "Holy Wood", des albums tellement excellents qu'on en vient à se demander pourquoi ne pas être allé plus loin dans la discographie du révérend. Comme mieux vaut tard que jamais, c'est avec un décalage de presque 10 ans que je me replonge dans l'univers froid et malsain des américains, avec un oeil forcément nouveau, peut-être trop.
Même s'il n'était pas tout à fait à la hauteur de son prédécesseur,
"Holy Wood" était une usine à tubes dans laquelle peu de choses étaient à jeter. Et ces tubes, on a trop souvent tendance à les attribuer au personnage de Marilyn Manson, en oubliant que Marilyn Manson est avant tout un groupe dont une bonne partie des membres participent à l'écriture des morceaux. Lorsque l'on se rend compte que Twiggy Ramirez composait quasiment tous les titres, son départ explique assez facilement la cassure que représente "The Golden Age Of Grotesque" par rapport à tout ce qu'a pu pondre la formation auparavant. Néanmoins, John 5, Manson et Tim Skold ont tenté de prolonger le travail de leur ancien bassiste en continuant à diffuser un style violent et malsain.
Le concept de ce cinquième album repose sur une atmosphère assez particulière, celle des années 30, du swing jazz et de la période pré-nazi. A l'instar de l'artwork, la musique laisse clairement transparaitre ces éléments dans la tonalité qu'elle porte, de manière plus ou moins explicite bien sûr. Manson s'amuse et se fait plaisir et il n'y a qu'à voir les clips de "This is the new shit" ou "mOBSCENE" pour se rendre compte à quel point "The Golden Age Of Grotesque" porte bien son nom, sorte de grand cabaret lugubre et dérangé. Et dans cette apologie du grotesque, pas de place pour les sentiments : la musique est directe, puissante, groovy et quand elle n'est pas entrainante, elle se fait lancinante pour ajouter à la crédibilité de ce cirque digne des pires cauchemars. Sans pour autant changer radicalement de direction musicale, le groupe renforce le côté industriel de son style en accordant une place plus importante à l'électronique et aux effets en tous genres, Tim Skold (ex-KMFDM) ayant dû apporter sa touche personnelle. En plus du chant de Manson (largement retravaillé comme d'habitude), tous les instruments passent à la moulinette électronique à un moment ou à un autre, ce qui ajouté aux nombreux arrangements allant dans ce sens, donne un côté ultra froid et austère à cet album. Mais ce qui prime ici avant tout, c'est le côté rock'n roll et l'efficacité. Contrairement aux deux précédents albums, le groupe ne cherche plus la petite bête ou la subtilité : ça doit claquer, un point c'est tout. Et c'est ce qui se passe la plupart du temps.
Le créneau de Manson a toujours été de faire des tubes et "The Golden Age Of Grotesque" ne dérogera pas à la règle puisque la majeure partie des titres est construite selon le schéma classique couplet/refrain/break, sans aucune difficulté d'assimilation. On ne peut pas vraiment leur en vouloir pour ça, ça ne changera sans doute jamais. Ce qui reste à juger donc, c'est la qualité de ces tubes et c'est là que le bas blesse car pour moi, on est clairement en dessous de l'intensité des 3 précédentes productions. Il manque à cet album ce petit plus qui transformait le plomb en or (l'effet Ramirez ?), l'émotion et la sensibilité qui se fondait dans la déferlante de haine d'un
"Antichrist Superstar" ou d'un
"Holy Wood". Malgré de bonnes choses ("This Is The New Shit", "mOBSCENE", "Use Your Fist And Not Your Mouth" ou encore la reprise très connue de "Tainted Love"), cet album ressemble à une coquille vide comparé à ce qu'a produit le groupe auparavant, et ce malgré un ensemble totalement cohérent et inscrit dans un concept plutôt intéressant. Trop linéaire et trop froid, "The Golden Age Of Grotesque" se révèle être le plus mauvais Manson depuis
"Antichrist Superstar" en ce qui me concerne. Le départ de Ramirez a changé la donne et force est de constater que les américains peinent à suivre. Pas étonnant donc que le groupe ait opté pour une toute autre direction 4 ans plus tard.
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