La concupiscence. S'il y a une sensation que j'aime trouver dans le death metal – quelque soit sa forme –, c'est bien celle-ci : une jouissance sensuelle, primitive, qui donne le plaisir de l'interdit.
Et, au risque de surprendre,
Omen Ex Simulacra est peut-être bien le disque du genre qui me comble le plus quand ce besoin se fait sentir. Il est clair que ce n'est pas à Ævangelist que l'on pense en premier quand l'envie d'écouter un « putain de disque de death metal » surgit. Pourtant, si ce premier jet estampillé Debemur Morti mérite tout autant sa place au panthéon du chaos que son grand frère, la différence fondamentale entre l'étouffant
De Masticatione Mortuorum in Tumulis et son ci-présent successeur est bien là, cachée derrière les malformations, excroissances, tortures, espaces non-euclidiens et terreurs psychiques avec lesquels aime jouer le duo Matron Thorn et Ascaris : ne plus faire subir la confusion mais la rendre séduisante, accrocheuse, au point qu'elle ne soit plus un supplice mais une influence s'acceptant aisément, se mêlant à nous.
Réussir à rendre les oscillations qu'aime créer Ævangelist aussi satisfaisantes n'est pas un mince exploit. On parlera de maîtrise évidemment, le groupe ayant donné à son death metal ce qui lui manquait d'homogénéité sur l'un peu trop dissipé
De Masticatione Mortuorum in Tumulis. Plus acide, tourmenté, violent et caverneux que son aîné, ce deuxième longue-durée est aussi d'une étrange accessibilité une fois passées les quelques écoutes obligatoires laissant nauséeux. Non, le duo n'a clairement pas mis de l'eau dans son vin, ni pris des cours de géométrie pour composer un morceau comme « The Devoured Aeons of Stygian Eternity » dont les nombreux breakdowns et accélérations imprévisibles déboulent sur nous comme une armée de tanks. La consigne est bien au désordre laissant essoré. Seulement, l'heure s'écoule dans une symbiose, une fluidité, qui font qu'on ne se range plus en victime mais en assassin.
Ævangelist ne se contente plus de rendre son metal mutant mais fait aussi de nous sa chose sur
Omen Ex Simulacra. Cela tient à un déferlement constant (quasiment toutes les compositions commencent dans une course aux BPM) pratiqué avec une rigueur aveugle évoquant l'autorité des musiques industrielles ainsi qu'une production renvoyant aux plus malpropres disques de death metal old school. D'ailleurs, certains titres auraient très bien pu figurer sur un obscur album des années 90, une fois les dissonances et nappes bruitistes enlevées (« Seclusion » en particulier) ! Si la recette déjà rencontrée sur
De Masticatione Mortuorum in Tumulis ne change pas fondamentalement, ces quelques à-côtés – auxquels s'ajoute l'utilisation d'un saxophone parfois terrifiant de détresse (« Abysscape » et ses passages ambiants stridents) – font qu'elle devient une expérience rare, énigmatique mais clairement rassasiante.
Car, malgré son nom, le death metal est aussi une musique de vie, où sous la destruction se cache celui qui détruit et trouve son bien-être à détruire.
Omen Ex Simulacra, dans ses cascades de brutalité, couleurs psychédéliques et ambiances spatiales faisant imaginer des guerres transdimensionnelles vécues en première ligne, rappelle cela. Il rappelle aussi que le death metal peut très bien se faire expérimental mais se doit d'être charnel en toutes occasions. Même si l'ensemble possède une unicité que j'aimerais voir se rompre par moments, on peut dire que le contrat est rempli pour Ævangelist... comme pour moi, qui me suis promis de ne pas citer directement la saga
Warhammer – L'Hérésie d'Horus lors de cette chronique. Oui, ça n'a pas été facile.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo