Tout en gardant comme ligne de conduite d'être à la fois accrocheur, efficace et (ré)écoutable sur le long terme, Hypocrisy a toujours su mener sa barque au fil des années sans trahir (oui, même avec
">« Catch 22 » dans sa disco) ses fans de la première heure (on mettra de coté ceux qui sont restés bloqués à « Obsculum Obscenum ») et en grossissant ses rangs au fil des années
(« The Arrival » aura visiblement fait beaucoup de bien à la notoriété du groupe). Je me serais donc parfaitement contenté, après le superbe
« Virus », d'un album d'Hypocrisy en demi-teinte, un peu comme une petite pause bien méritée après la cavalcade des dernières années pour l'ami Peter. Divers albums chez Pain, un DVD live, de multiples tournées, et au milieu de tout ça quelques albums produits (dont le nouveau Immortal)… ça vous fatigue un homme, surtout au moment de retourner dans les studios pour ressusciter la légende Hypocrisy, un groupe qui après 10 albums studios et pratiquement 20 ans de carrière n'a plus grand-chose à prouver à quiconque.
Mais l'ami Peter, véritable Stakhanoviste de la musique, ne semble pas être du genre à se satisfaire d'un demi-succès ; et c'est à mon plus grand plaisir qu'au-delà de toute attente, j'ai pris une nouvelle fois une claque monstrueuse à l'écoute de « A Taste of Extreme Divinity », 11e album des Suédois d'Hypocrisy. Le constat est simple, dès la première écoute : qu'est-ce qu'il a nous manqué, ce mélange parfaitement équilibré de mélodies scandinaves, sans tomber dans la surenchère d'un Insomnium pour autant, et d'un Death Metal revanchard, féroce et capable de décapiter quelques têtes pour un simple regard de travers. Il faut bien dire que la première moitié de l'album a de quoi décoiffer : du tube, du tube, et du tube, rien d'autre.
La dynamique de cet album (choix de l'agencement des titres pour la tracklist, différences notables entre les tempos des morceaux…), chose oh combien essentielle, devrait être étudiée dans les écoles : cela fait en effet bien longtemps que Peter a compris qu'abrutir ses auditeurs sous 10 chansons de blast à tout va n'allait bien vraiment qu'à Marduk, et encore qu'une fois par carrière s'il vous plait. Voilà déjà une bonne nouvelle : plus cette fois ci d'intro foireuse comme sur
« Virus », qui nous forcerait à appuyer sur « Forward » l'album à peine entamé. L'album démarre au contraire directement sur l'écrasant « Valley of the Damned », une sorte de « Warpath anno 2009 », qui résume parfaitement la teneur de l'album : tempo rapide, mélodies fines et efficaces, production à démonter les murs, et un Peter dont les growls si caractéristiques n'ont en rien perdus de leur superbe. Un parfait titre d'introduction, rapidement suivi d'une série de titres exceptionnels : comment rester insensible à l'entraînant lead ouvrant « Solar Empire » ? Comment ne pas se laisser surprendre par la grâce du surprenant break mélodique qui vient casser la thématique brutale de « Weed Out the Weak » sur le refrain, tel une hésitation, un espoir de rédemption et de pitié pour le faible en question, avant que le bourreau ne revienne sur son choix et n'appuie sur la détente, repartant vers davantage de blasts ? Et « No Tomorrow », n'est-il pas une séquelle du break d' « A Coming Race « (sur
« The Final Chapter »), avec ces passages d'une formidable densité où claviers, double pédale, et d'innombrables lignes de guitare se mêlent pour former un véritable mur du son ? Et j'éviterais, sous peine de passer pour la dernière des groupies, de vous parler pendant des heures du riff principal de ce même titre, qui est devenu le compagnon de mes longues journées, tant son caractère accrocheur et addictif a fini par l'imprimer d'une pierre blanche dans mon esprit.
Passé la première moitié de l'album et cette avalanche de titres accrocheurs, on peut légitimement se demander ou l'on va, car le tempo s'est considérablement ralenti depuis les 15 premières minutes d'écoutes. Heureusement tout est prévu : passé la seconde moitié de l'album Hypocrisy repasse la vitesse supérieure en nous servant l'un des titres les plus brutaux de sa longue carrière : « Taste the Extreme Dinivity ». Il est presque surprenant de tomber sur un titre aussi bourrin en 7e position, mais cela a le mérite de relancer la machine et de nous rappeler que c'est quand même messire Horgh derrière les fûts, et donc pas le dernier des pandas maquillés (ah on me dit dans l'oreillette que ce n'est pas la chronique du dernier Immortal, autant pour moi). Hymne démonique à la gloire de Satan ou simple exutoire d'un groupe qui trouve que trop de mélodie tue la mélodie, « A Taste of Extreme Divinity » est je l'espère la pierre angulaire des setlists à venir, car ce titre démonte, tout simplement.
La seconde moitié et fin de l'album est un peu plus classique à mon sens, avec un « Alive » dont les tremologs pickings constants ont un arrière goût d'Amon Amarth ; « The Quest » est le petit frère des multiples mid-tempos quasi doom que le groupe nous aura proposé par le passé ("A Thousand Lies", "Deathrow (No Regrets"...); enfin je rêverais d'avoir lors de la tournée prochaine du groupe un « Sky Is Falling Down » en chair et en os, tant ce titre réunit tous les bons ingrédients d'une débauche d'énergie du public pendant son exécution.
Devant ce déballage d'éloges, vous allez me dire que j'ai perdu tout objectivité, et j'en suis bien conscient. Seulement, dans un éclair de lucidité, je dois bien reconnaître un titre qui me semble en deçà du niveau général : « Hang Him High ». Sans être un ratage complet, il faut bien reconnaître que la mise en écoute de façon anticipée sur le Myspace du groupe de ce titre a pu desservir la promo de l'album, tant ce titre, sympathique au demeurant, n'a rien du génie de ses congénères. C'est un mid-tempo un peu balourd, rondement mené et doté d'une coupure mêlant claviers, spoken voices et sons de cloches (sisi) intéressante ; mais le refrain moitié chanté / moitié hurlé n'a rien de bien bandant, et manque de bol il revient bien trop souvent pour son propre bien. Par contre, je ne nierais point l'efficacité sans doute redoutable de ce titre sur la prochaine tournée du groupe ! Il m'arrive parfois aussi de trouver quelques moments de faiblesse à « Tamed, Filled With Fear », « Alive » et « Global Domination », mais rapidement le bon sens reprend le dessus (ou la groupie attitude c'est vous qui voyez).
Voilà donc une énième victoire d'Hypocrisy sur la médiocrité : ce groupe ne sait juste pas faire un mauvais album. Probablement que je suis trop influençable, et que le soufflé de mon enthousiasme au sujet d' « A Taste of Extreme Divinity » se dégonflera un tantinet d'ici les prochains mois ; mais l'effet « Kiss Cool » des premières écoutes a de quoi convaincre même un Keyser de mauvaise foi qu'Hypocrisy a quelque chose à lui apporter. Que ce soit une pomme, un mal de crâne ou une hernie discale, c'est un autre débat que je ne prolongerais pas davantage. Achetez le, volez le si vous le voulez, mais au moins jetez une oreille à cet album si c'est votre première fois avec Hypocrisy, c'est pour votre bien que je fais ça. Merci.
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