Depuis déjà quelques années la formation articulée autour de l’inamovible Nergal ne cesse de prendre de l’ampleur suite au changement musical opéré sur
« Satanica » et confirmé ensuite sur
« Thelema 6 », et surtout via un
« Zos Kia Cultus »destructeur qui montrait un combo plus extrême et déchainé que jamais. Toujours entouré par son compère Inferno le leadeur et compositeur a vu sa création encore une fois remaniée, car Havok a mis les voiles et Novy a quant à lui trouvé refuge chez ses compatriotes de VADER, heureusement pour elle il a dégoté deux inconnus de haut niveau le guitariste Patryk Dominik "Seth" Sztyber et le bassiste Tomasz "Orion" Wróblewski (encore présents aujourd’hui dans le line-up). Sorti le 25 octobre 2004 (au lendemain de leur passage à La Petite Loco pour le « Clash Of Demigods » avec KRISIUN – RAGNAROK et INCANTATION, et surlendemain du « Unholy Alliance » à Bercy où MACHINE HEAD et SLAYER ont donné la leçon à SLIPKNOT et à son public de boutonneux sous biactol) ce septième album du combo est aussi brutal que les précédents, mais se fait également plus fin et profond qu’on ne pourrait le croire lors des premières minutes d’écoute.
En effet si le démarrage acoustique de « Sculpting The Throne Ov Seth » peut laisser penser quelques instants à plus d’accessibilité il n’en est rien, car ça va tabasser pratiquement sans discontinuer pour montrer que les polonais sont plus que jamais énervés, et que cette nouvelle mouture est la meilleure qu’ait eu le chanteur-guitariste autour de lui. Si on avait remarqué lors du précédent opus qu’Inferno derrière son kit avait franchi un cap, il a encore une fois progressé et offre une prestation monstrueuse à la fois technique et ultra-rapide, sans que jamais sa régularité soit prise en défaut. Après plusieurs minutes où le blast est roi la fin de ce premier morceau arrive, et là l’ensemble s’alourdit tout en gardant sa force de frappe, et permettant ainsi au nouveau co-soliste de faire parler son style et sa touche, qui s’accorde parfaitement avec celle du leader, afin de conclure cette compo imparable, qui confirme que même en ralentissant le tempo les gars sont toujours une machine de guerre. Pour éviter de donner du grain à moudre aux mauvaises langues, celle-ci s’enchaîne dans la foulée avec « Demigod » qui donne son nom au disque et qui est probablement une des réalisations les plus extrêmes jamais écrite par son géniteur, tant par la haine qu’il en découle que par son côté martial, où les roulements de caisse claire servent de break avant de repartir dégommer les ennemis quels qu’ils soient. Là-encore un léger et court passage plus écrasant va permettre à l’ensemble de souffler un instant pour mieux réaccélérer ensuite, et faire encore aujourd’hui de cette compo un incontournable scénique de quatuor.
Décidemment ce début de disque est redoutable, et ça n’est pas « Conquer All » qui prouvera le contraire, car après avoir montré quelques bribes de lourdeur et de tapis de double, ici c’est le rouleau-compresseur façon panzer qui est mis en avant et montre que les gars peuvent faire mal sans jouer à 300 à l’heure car on est dans quelquechose de plus épique et quasiment sans pointe de vitesse. Là-encore c’est une réussite totale et un désormais classique qui fait mouche à chaque fois et dont la foule adore bouger les bras lors de son introduction. Si « Nephilm Rising » n’a pas eu la même carrière il est tout à fait dans le même ton plus mid-tempo entendu précédemment, et se fait lancinant et très sombre, tout en montant progressivement en vitesse et en pression jusqu’à son solo de fin plus mélodique qu’à l’accoutumée, avant de conclure par des notes de guitare sèche aux relents hispaniques, et bien que peu connu c’est probablement un des titres les plus originaux et réussis de cette galette.
Car la suite va être plus classique tout en augmentant la cadence de brutalité, si « Before The Æons Came » et « Mysterium Coniunctionis (Hermanubis) » sont plus passe-partout et marquent moins les esprits, en revanche la doublette qui arrive ne va pas faire de quartier et va même encore augmenter la température, déjà suffocante. « Xul » ne va pas se différencier de façon importante de ce qui a été entendu jusque-là, cependant outre le fait de blaster quasiment en continu et d’offrir encore un déferlement de violence incroyable le quatuor se paye le luxe d’inviter pour un solo le fameux Karl Sanders de NILE, avant d’enchaîner dans la foulée sur le désormais classique « Slaves Shall Serve ». Avec ce nom digne d’un slogan guerrier, c’est effectivement la guerre et une bataille en continu contre les limites du bpm auquel on a droit, tant la technique, la vitesse et la fluidité d’interprétation y sont ébouriffantes et ne laissent que ruines et morts sur leurs passage. Moment désormais quasi-obligé lors de ses shows le combo repousse ici ses limites, en mettant en avant une agressivité renforcée, rarement entendue chez eux auparavant.
Mais pour souffler et terminer en beauté celui-ci a décidé d’offrir un de ses morceaux les plus ambitieux à ce jour, à savoir « Reign Ov Shemu-Hor », qui durant plus de huit minutes offre un visage plus posé que ce soit via les ambiances plus mystérieuses qui le compose, tout comme son rythme bien plus lent (et où la vitesse n’apparait qu’à la toute fin). Plus religieux dans l’esprit, il est aussi plus lourd et laisse plus de place aux solos, tout en confirmant aussi que son marteleur possède un jeu incroyablement dense, même sans repousser en rapidité les limites humaines. Du coup bien qu’étant sur des bases ultraviolentes du début à la fin la nouvelle mouture de la formation montre qu’elle maîtrise l’art du contre-pied et apparait plus affinée qu’elle ne pourrait le laisser supposer de prime abord. Du coup il n’est pas étonnant qu’à sa sortie cette pépite, encore actuellement la plus extrême réalisée par ses créateurs, les ait fait monter à un niveau hiérarchique supérieur où ils sont encore installés aujourd’hui, qui ont par la suite continué à diversifier leur musique sans y perdre en qualité ni en puissance. Presque quinze ans après sa création l’œuvre est toujours considérée comme un des chefs-d’œuvre de sa tête pensante, et passe encore allègrement le cap des écoutes sans que l’usure du temps n’ait d’impact sur elle, ce qui est la marque des grands disques, et un classique incontournable.
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