5 ans qu’on attendait un nouveau Nalgfar. On ne peut pas dire que les foules se soient ruées en cette fin mars dans les bacs pour acheter leur nouvel album, mais pour ma part j'étais on ne peut plus impatient de renouer avec le désormais trio Suédois. Naglfar a toujours fait partie de mes groupes de Black favoris, et certains de ses albums sont pour moi référentiels
("Sheol" en tête); et l'attente était vraiment devenue interminable, d'autant plus que le groupe n'est pas connu pour sa communication débordante (à peine un laconique commentaire sur leur page Facebook en fin d'année dernière annoncait que le groupe n'existait plus qu'avec son trio de membres fondateurs, et qu'un nouvel album était en phase de finalisation).
Recrutant comme batteur de session napalm dirk (Dirk Verbeuren, qu'on ne présente plus), Naglfar se donnait pourtant les moyens de la réussite, avec une pochette cauchemardersque et sublime, issue des pires cauchemars de H.P. Lovecraft (c'est voulu), et deux titres échappés sur le Net, "Pale Horse" et "An Extension of His Arm and Will", qui annoncaient un album particulièrement rapide, sans doute plus qu'
"Harvest", et une production puissante et équilibrée. Un coup d'oeil aux paroles rassurait également sur les fondamentaux lyriques qui n'avaient point changé: nihilisme, fin du monde et dégoût de l'humanité sont toujours les sujets de prédilection de Kristoffer, avec une petite dédicace à H.P. Lovecraft comme je le disais plus haut via le titre "The Monolith".
Malheureusement, et malgré cette accumulation de points positifs, il ressort de mes multiples écoutes que "Téras" est une semi-déception. 5 ans d'attente ont mis la barre très haut au niveau de mes exigences, et j'attendais de la part du combo un album aussi furieux que
"Sheol", aussi mélodique qu'
"Harvest" et aussi inspiré que
"Pariah". Bref, un peu le meilleur de tout ce que sait faire Naglfar, et un peu plus encore. Alors, à démarrer l'album par "Pale Horse" (après une intro dont on reparlera), qui bien que fulgurante de rapidité, a une mélodie de refrain bien insipide et étonnament simpliste pour le groupe, d'emblée l'on se fâche. Les musiciens sont au top (j'adore ce blast d'intro qui s'accélère encore ensuite, comme sur le "Treasonous" de Bloodbath), la production est l'une si ce n'est la meilleure du groupe, Kristoffer hurle comme jamais, mais il y manque l'éclat nécessaire des grands titres de démarrage d'album.
Et c'est en substance tout ce que je reproche à "Téras": tout y est sur le papier et la forme parfait, plus que jamais sur un album de Naglfar, mais dans le fond l'on s'ennuie ferme. Les compos sont directes, incisives et vont à l'essentiel, alignant moins de breaks que par le passé, ce qui cadre avec la dimension plutôt brutale de l'album; mais les titres, bien qu'excellents dans leur forme, leur cohérence et leur enchainement, n'ont pas de caractère réellement mémorable ni de réelle profondeur. C'est un sentiment très bizarre que de se dire qu'on tient un album cohérent dans sa construction (les titres rapides s'alternent bien dans la tracklist avec ceux plus aérés, tel "The Monolith" ou "The Dying Flame of Existence") et agréable à l'écoute, mais qui une fois terminé ne donnera pas spécialement envie d'y revenir. Trop générique, les compos ne brillent que par brèves périodes, tel le refrain des surpuissantes "III: Death Dimension Phantasma" ou "Invoc(h)ate", ou au détour d'un rare riff qui fait réagir (l'appel au headbang de "Bring Out Your Dead"). A peine esquissera t-on quand le groupe réussit une jolie pirouette en terminant l'album comme il l'avait démarré via l'hypnotique mélodie de "Téras" appuyée par l'ignoble litanie de Kristoffer "I dub you, planet whore" au sortir de "The Dying Flame of Existence".
N'allez pas croire que "Téras" est un mauvais album: pour quiconque n'a jamais jeté une oreille sur Naglfar, ce sera sans doute une agréable découverte, pour peu que l'on aime son Black sauvage et un brin mélodique. Mais en comparaison des offrandes passés et du manque de passion qui transparait ici, je ne peux encenser cet album comme je l'aurais aimé. On se donne rdv je l'espère dans moins de 5 nouvelles années pour refaire le point...
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