Groupe Black/Death de seconde zone depuis l'inacceptable
Angelgrinder et malgré un court instant de bonheur retrouvé sur le prometteur
The Seal Of Belial, les Suédois de Lord Belial ont transformé ce goût amer laissé depuis le cultissime
Enter The Moonlight Gate (parmi les meilleurs albums de black suédois) vers une indifférence quasi-totale, sujette parfois à bien des moqueries (mon collègue Chris l'a bien compris). Le démon de la sodomie doit se reprendre en main (pas Chris hein ! Quoique…), une nouvelle époque commence en cette année 2008 : le lead guitariste Hjalmar Nielsen quitte le navire après trois albums et aux oubliettes le son obscur d'Andy Larocque (malgré quelques choses intéressantes). Pour reprendre le manche à six cordes sur leur huitième opus (un an à peine après
Revelation) il ne pouvait y avoir meilleur remplaçant, le grand (40 ans tout de même !) Niclas « Pepa » Andersson, fondateur de Lord Belial et auteur d'un certain
Enter The Moonlight Gate... Enfin un retour aux sources ? Oui et non.
Brûlant des cierges pour un
Enter The Moonlight Gate-bis comme un bon nombre d'adeptes, il y avait une chance infime que Lord Belial revienne aux black/death furieux et glacial de leurs débuts. Et effectivement, les Suédois continuent dans leur black metal hybride mélodique et mid-tempo lancé depuis
The Seal Of Belial et repris de façon insipide sur
Nocturnal Beast ainsi que
Revelation. Sauf que cette fois, « Pepa » ira mettre son grain de sel et autant dire que la musique du groupe gagne exponentiellement en saveur ! Avec
The Black Curse, Lord Belial propose certainement son album le plus travaillé mais aussi le plus mélodique. Les leads mélodiques du calibre de la fin des années 90 refont en effet surfaces sur chaque titre (sans exception) et iront de nouveau nous hanter pendant des jours. Impossible de résister face à des titres comme « Antichrist Reborn » (quel refrain !), « Ascension Of Lilith » (le come-back de Lilith !) ou encore le hit imparable « Soulgate ». Rarement le groupe avait réussi à pondre des riffs si accrocheurs !
Autre traduction de côté entêtant, des breaks comblés de soli à tomber par terre de maître « Pepa » : « Inexorable Retribution », « Devilish Enlightenment » (la larme à l'œil lors de l'écoute du tapping rappelant ces belles années), le final majestueux de « Ascension Of Lilith »… Les passages acoustiques de Thomas font évidement toujours partie du lot (mais pas de flûte ou de violoncelle à mon grand dam). L'écoute sera d'ailleurs encore plus aisée du fait d'une production de Valle Adzic (guitariste d'Impious) puissante et équilibrée (il est rare d'entendre aussi bien la basse dans ce style) mais excessivement propre et lisse, aseptisant malencontreusement l'atmosphère créée par le groupe. Heureusement face à une mélodie gagnant plusieurs crans ainsi qu'à ce son en complet décalage, Lord Belial n'en oublie pas pour autant de reprendre ces passages par des déferlantes dévastatrices.
L'alternance de tempos était ce qu'il manquait à
The Seal Of Belial, trop enfermé dans une rythmique bien molle. Cette fois chaque passage plus « posé » est immédiatement repris à la volée par une accélération ou un lead tueur. Bien évidemment on est très loin du chaos d'un
Enter The Moonlight Gate mais
The Black Curse possède une bonne dynamique, renforcée par des titres aux structures recherchées. Le travail de composition se fait sentir, bien loin des deux derniers albums à proscrire, où la multitude de passages différents (mélodiques, crus et aux innombrables breaks) ou d'arrangements (samples, chœurs et claviers) pour un total de 52 minutes font comprendre du grand écart réalisé par
The Black Curse dans leur longue discographie. Le chant de Thomas se veut quant à lui tout à fait honorable même si on regrettera toujours les pleurs d'un « Realm Of A Thousand Burning Souls (Part 1) » ou les poussées angéliques de Marielle Andersson, le frontman modulant ses vocaux à bon escient et usant de quelques effets de voix doublée (voire triplée) dans la veine d'un Jens Ryden (ex-Naglfar).
Au final, certes
The Black Curse manque cruellement d'émotions (défaut majeur du groupe) et de la folie annihilatrice des débuts de Lord Belial… Mais au vu des sorties du genre (proche du néant) et d'une discographie en chute libre depuis
Unholy Crusade, la qualité de
The Black Curse dépassera ces obstacles. Parfaitement ficelé et aux mélodies absolument indécrottables, Lord Belial se remet sur de bons rails. Espérons que les Suédois y tiennent bon car avec un prochain album moins précipité (
Revelation n'a qu'un an), nul doute que la neuvième œuvre devrait crucifier sur place leurs auditeurs.
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