Bilan 2018 / Sagamore

Petit esprit étriqué, mais grand album. Tout est développé dans mon pavé.

En quelques mots comme en cent, hormis le premier full-length des $uicideboy$ (qui n'a pas sa place ici mais qui reste excellent), c'est de loin le disque que j'aurai le plus fait tourner cette année. Et il est sorti en Novembre. C'est vous dire.

S'il y avait encore besoin de prouver que la scène Black Metal française est l'une des plus intéressantes et qualitatives au monde... Le retour d'Aorlhac était très attendu, espérances hautes qui ont toutes été surpassées. De la rythmique implacable jusqu'à la construction des compositions, tout respire la puissance, mise au service de l'histoire, des légendes et mythes de l'Auvergne.

Forcément, très peu d'objectivité chez moi. Auvernha desliu... Hum, désolé. Un futur incontournable, en tout cas.

Ce n'est pas le meilleur album de Panopticon, mais quand même, on ne peut que saluer la constance du bonhomme dès lors qu'il s'agit de pondre de la qualité et ne pas prendre l'auditeur pour une vache à lait. Si je suis et reste absolument insensible à la seconde partie "redneck qui chique", la première est une leçon de Black Metal, infusant judicieusement ses atmosphères Folk sans jamais en faire des caisses.

Le Grindcore, ce grand absent des bilans de fin d'année. Des disques courts, aussitôt écoutés, aussitôt oubliés ? Pas chez moi ! Whoresnation délivre ici un album d'une noirceur et d'une intensité qui ne faiblissent à aucun moment. Le blast-beat, la voix rauque, les grattes acides sont mis tout entier au service d'une explosion bien étouffante. On ne ressort pas indemne de pareille démonstration de force... Si tant est qu'on adhère au style.

Y'a pas qu'en Black Metal que la France se défend... Preuve en est, deuxième album de Grindcore à finir dans le top, et c'est encore un produit bien de chez nous. Si je goûte moins la voix un peu plus faiblarde que chez Whoresnation, le disque est un exemple de violence auditive.

Est-ce vraiment une surprise ? Probablement l'une des valeurs les plus sûres de la Pologne (avec Furia aussi, faut pas déconner). Plus abouti encore que l'album précédent, et il fallait y aller ! Ces quatre années n'auront pas été perdues, ce nouvel album est fantastique. Tout ce qui rendait KSM plus intéressant que la moyenne a été travaillé avec minutie. Une œuvre exigeante qui doit presque tout à son incroyable batteur.

A la grande surprise de tout le monde, Cultes des Ghoules rempile rapidement après le mastodonte "Coven" qui, s'il est bon (et reste un objet superbe), m'a un peu laissé sur le carreau. Et le résultat est à la hauteur de la légende de la formation. Malgré un premier titre proprement abrutissant, le reste est l'incarnation même du mot "scabreux". Tout suinte, sent le charnier et la cire de bougie. Avec, toujours, cette voix reconnaissable entre milles autres.

Une belle découverte. Totenmesse ne propose rien de bien neuf, mais sait jouer, et le fait très bien. A défaut d'avoir une identité musicale bien affirmée, l'imagerie, elle, reste et restera le point fort de cette sortie - je ne dois certainement pas être le seul à avoir été curieux de savoir ce que la pochette pouvait renfermer. Un groupe à suivre, en espérant qu'ils affinent leur recette.

"Découverte", car l'objet ici a eu un bien plus fort retentissement que la première démo de Cénotaphe : une signature chez NWN, jugez du peu. Label qui ne signe pas le premier péquin venu. Encore une pépite de l'hexagone, en passe de devenir un futur incontournable.

La Pologne prouve, une énième fois cette année encore, qu'elle est pourvoyeuse de formations toutes plus intéressantes les unes que les autres. Un premier full-length très convaincant pour ce one-man band, servi par une superbe pochette, objet à situer entre Deathspell Omega, Darkspace, et j'en passe... Un gage de qualité, quoi. Et un OVNI à suivre de près.

Un énième projet parallèle d'un des gonzes de Chambre Froide. Un Black Metal froid, poussiéreux, déterrant un synthétiseur d'un autre âge, au service d'un feeling austère et diablement mordant. Court, efficace, une formation à suivre de près, semble-t-il - et Fallen Empire ne s'y est pas trompé, en choisissant de miser sur ce canasson pour ses ultimes sorties.

Il y a forcément un truc dans l'eau potable là-bas, je ne vois pas d'autre solution. Guðveiki est l'incarnation même de ce qu'est la scène Black Metal Islandaise : ésotérique, chaotique, étouffante, avec toujours ces petits relents quasi psychédéliques qui rendent ses formations uniques. L'album partait déjà avec un net avantage (membres de Wormlust et Chaos Moon, mixé par le gonze derrière Bekëth Nexëhmü), mais ne s'est pas reposé sur ses lauriers en proposant un objet qui m'a laissé sur le cul. Excellente surprise tardive.

Black Metal hautement qualitatif, soigné, majestueux sans jamais tomber dans le pompeux. Malgré une batterie vraiment trop en avant (et qui en fait trop, dommage, car le bonhomme est impressionnant de maîtrise et de technique), l'ensemble est prenant, finement ciselé. Un vrai grand cru.

Croyez-bien que j'en suis le premier surpris, n'ayant jusqu'alors plus grand chose à foutre du groupe. Vu les retours sur ce dernier, je me suis décidé à m'y pencher, et je n'ai pas été déçu du voyage. Un album vraiment massif, varié, très chouette.

Que c'est mauvais pour du Pig Destroyer... Le groupe continue sa descente aux enfers. Il est temps de raccrocher les gants.

"Euprosopon", c'est exactement comme les cours de Latin au lycée : c'est long et c'est chiant. Quel dommage, quel gâchis, malgré quelques instants de bravoure absolument fulgurants (le deuxième titre !), le reste s'embourbe dans un virage folk/ambiant mal négocié.