Bilan 2018 / Keyser

Les Néerlandais avaient déjà fait forte impression avec leur premier opus Structures in Chaos. Six ans après, Temple annihile toute concurrence avec ce Design in Creation, album de brutal death quasi parfait s'attelant à la destruction de l'Univers à grands coups de riffs supérieurs et de blast-beats infinis. Hallucinant !

Le heavy c'est la vie et Visigoth se charge de nous le rappeler. Épique, guerrier et viril à mort, ce deuxième album des Américains n'en finit plus d'enchaîner les riffs en acier trempé, les mélodies ravageuses et les refrains fédérateurs. Et nous de chanter et lever le poing à l'unisson. Attention toutefois aux effets secondaires : augmentation de la pilosité du torse et accroissement du volume testiculaire.

Tout simplement l'album death old-school de l'année pour ces Québécois talentueux fans de Death, Asphyx, Bolt Thrower, Dismember et consorts. Riffing absolument redoutable et growls à la Van Drunen en français juste jouissifs ! Bien meilleur que le Skeletal Remains sur lequel tout le monde se touche mais qui ne m'a pas ému plus que ça.

Retour gagnant pour la bande de King Fowley. Si beaucoup ont déçu cette année, Deceased réussit lui carrément à se surpasser plus de trente ans après sa formation. Le thrash/death/heavy old-school des Américains n'a ainsi jamais été aussi efficace, prenant et inspiré. Admirable !

White Wizzard c'est fini mais on se consolera avec cette ultime offrande aux Dieux du heavy metal qui n'est rien moins que le meilleur album des Américains. Du heavy au riffing imparable, aux solos inspirés et au chant fantastique mêlé à des influences progressives plus poussées qui n'ennuient pas mais au contraire subliment les morceaux.

Même après des premiers pas incisifs, on n'attendait pas Sarinvomit à un tel niveau sur son premier album. Les Turcs foncent ici tête baissée pour atomiser la race humaine parasite sur un brutal black nucléaire irradiant d'efficacité au riffing excellent, plus "mélodique" que par le passé. Bravo les gars !

Sous ce nom pas très inspiré se cache une des découvertes de l'année pour moi, même si les Allemands existent depuis plus de dix ans, ce qui explique donc leur place dans la catégorie meilleurs albums. Du black metal thrashy froid et brutal qui vous emporte dans un maelström de violence et de haine incroyablement addictif.

Troisième album de black metal figurant dans mon bilan, mais qu'est-ce qu'il m'arrive ?! Quand le death metal déçoit, il faut bien chercher ailleurs de quoi survivre ! Et c'est chez Aorlhac, bien connu des amateurs de black metal hexagonal mais que je n'avais jamais écouté, que j'ai trouvé mon bonheur. Cet album est une perle du genre, à la fois brutal et chargé d'émotions, sublimé par des mélodies épiques splendides. C'est pas mal le black metal finalement !

La Grèce fait partie des pays que je suis le plus. Cette année, c'est Rapture qui remporte la palme avec un deuxième album incroyablement efficace grâce à un death/thrash furieux typé 90s qui riffe à mort entre scène US et allemande. Si ça ne vous donne pas envie de tout casser ça, rien d'autre ne le fera !

Les groupes voulant récupérer le trône d'un Incantation en perte d'inspiration sont légions. S'il ne fallait en garder qu'un cette année, je donnerais mon vote à Ritual Necromancy. Bien aidés par une production plus lisible mais qui transpire tout de même le Mal, les Américains nous offrent ici un dark death metal ô combien savoureux. Ce n'était pas gagné avec des morceaux aussi longs et pourtant, ce Disinterred Horror captive du début à la fin.

On passera sur le nom du groupe qui ne s'est pas trop foulé pour ne retenir que la musique. Là, rien à redire tant le death metal entre modernisme et tradition des Australiens nous en met plein la vue. De la brutalité, du groove, de la mélodie, de la technique, de l'ambiance, il y a vraiment de quoi se faire plaisir ici !

Peut-être bien l'album thrash de l'année. Mâtiné de death metal pour encore davantage de puissance, le projet de Gus Rios, s'il ne fait pas dans l'originalité, collectionne les riffs tranchants sur un chant agressif jubilatoire. De quoi combler de joie tous les fans de Malevolent Creation, Slayer et Razor.

Si Everlasting Spew Records, le petit label italien qui monte, a sorti pas mal de bonnes choses cette année, c'est le premier EP de Vitriol qui sort vainqueur du lot. Une bonne grosse mandale venue de nulle part comme on aime se les prendre, infligée par un brutal death furieux et intense rappelant un Hate Eternal au meilleur de sa forme. C'est bon les gars, vous êtes pardonnés d'avoir fait du deathcore avant !

Ils en ont fait du chemin les Suisses depuis leur EP de 2015 qui me les avait fait découvrir. Celui-ci montrait un certain potentiel mais rien ne pouvait laisser imaginer un tel déferlement de puissance et une telle maîtrise, notamment technique. Si je ne suis pas un grand fan de dissonances, très utilisées ici dans un esprit entre Ulcerate, Artificial Brain et le Gorguts récent, ce festival de blast-beats qu'est Orogeny m'a laissé sur le carreau. Impressionnant !

Grand fan de Judas Priest, sans doute le groupe le plus important dans l'Histoire du heavy metal avec Iron Maiden, je dois bien avouer que ses deux derniers albums, bien que je ne les ai pas trouvés mauvais comme beaucoup, restaient loin du lustre d'antan. Sur un étonnant Firepower ultra costaud qui porte bien son nom, les Britanniques retrouvent une seconde jeunesse grâce à des morceaux certes ultra classiques mais très efficaces, avec un Rob Halford en grande forme. Presque cinquante ans (!) après leur formation, c'est quand même assez incroyable. Un groupe qui, quand il partira, laissera vraiment un très grand vide.

Je n'attendais pas grand chose de cette ancienne gloire de la scène death metal floridienne des années 1990 qui n'a plus rien de monstrueux depuis vingt ans. Et pourtant, Monstrosity signe un retour très convaincant sur The Passage of Existence. S'il ne faut pas compter sur une tornade de brutalité comme à leurs débuts, ce que les Américains proposent ici s'avère de qualité, avec un apport nouveau de mélodies qui insufflent un vent de fraîcheur à ses compos de grande classe. Voilà qui fait plaisir !

La blague de l'année pour une formation qui n'en finit plus de s'enfoncer. Mélange de médiocrité et de ridicule qui marque un retour complètement incongru au son néo metal, l'interminable Catharsis est ce que Machine Head a fait de pire. À croire que Robb Flynn, qui doit vraiment trop traîner avec Corey Taylor, n'a pas retenu les leçons du passé. S'il vous plaît, arrêtez le massacre !

Après un Of Ghosts and Gods déjà pas top, je ne voyais pas Kataklysm redresser la barre. Non seulement les Québécois ne la redressent pas mais elle est désormais carrément tombée par terre. Plus mauvais album de la carrière du combo, Meditations n'est qu'un enchaînement insipide de riffs modernes à peine death metal, d'une pauvreté affligeante de la part d'un groupe qui semble avoir perdu toute inspiration depuis plusieurs années. Moi qui me plaisais à défendre le groupe contre ses détracteurs, je ne peux désormais plus rien pour eux.

Qu'a-t-il donc bien pu arriver aux Suisses pour nous pondre un album aussi quelconque après une longue montée en puissance tout au long de leur carrière qui leur avait permis de faire partie de l'élite ?! Aucun changement de style pourtant, on est toujours dans du death metal à la Malevolent Creation. Juste une terrible panne d'inspiration et un gros coup de mou. Après sept ans d'absence, ça la fout mal !

Si on m'avait dit un jour que Satan me décevrait ... c'est pourtant bien le cas sur ce Cruel Magic. Sans être mauvais, on note toujours une certaine classe chez les Anglais ainsi qu'un feeling mélodique appréciable et une technique au poil, l'album ne transpire pas autant l'inspiration qu'avant. Moins efficace, un peu plus progressif, il se fait même souvent bien trop mollasson pour qui comme moi adore les envolées guitaristiques typiques de la formation. On espère ainsi vite la revoir avec un prochain disque plus costaud pour savoir si Cruel Magic n'est qu'un petit accident de parcours ou si Satan est vraiment sur la pente descendante. On croise les doigts !

Un autre de mes chouchous à m'avoir déçu cette année. Non pas que The One Who Lurks soit une merde infâme, on reconnait bien le death metal sombre et sulfureux du combo de Seattle qui n'a pas perdu son talent. Seulement on sent que l'excellent Dario Derna n'est plus derrière les fûts. C'est en effet le nouveau batteur qui me gâche l'écoute de ce nouvel album à cause d'un son abominable sans nuance rendant les blast-beats bien trop fades. Frustrant !

Spearhead est touché par le même problème frustrant que Drawn and Quartered. Si les mecs riffent très bien, le nouveau batteur tire le groupe vers le bas. Sur un style radical proche d'un Angelcorpse, un batteur qui blaste aussi mollement, ça le fait beaucoup moins ! Après la tornade Theomachia, ce Pacifism is Cowardice ne tient donc pas les promesses de son titre et fait redescendre les Anglais de plusieurs crans. Déçu déçu déçu !

Qu'il était bon le premier album de Valgrind ! Le suivant bien sympa aussi. L'EP d'après, pas mal du tout également. Mais il est clair que les sorties des Italiens me plaisaient de moins en moins. Arriva ce qui devait arriver, ce troisième album s'avère une déconvenue. Pas pour tout le monde, car il a reçu de nombreuses louanges, mais moi il m'a ennuyé. Moins brutal, moins efficace, plus ambiancé, plus "progressif", le death metal orienté old-school de Valgrind évolue et me parle moins. Tant pis !

Dans la lignée plus rétrograde de Wildfire qui avait toutefois fini par me convaincre de ne pas le descendre, ce nouvel EP de Deströyer 666 va encore moins dans le bon sens. Les "Australiens" se la jouent bien trop pépère sur un blackened heavy/thrash old-school mollasson et peu inspiré qui ne décolle jamais. Et la reprise de "Trialed by Fire", s'il reste un excellent morceau, s'avère très inférieure à l'original. Mais où est donc passée l'ambiance guerrière et épique qui a fait le succès de la bande à K.K. ?! Rendez-nous notre D666 !

Encore une évolution pour Embrace of Thorns qui a choisi ici une voie plus propre, plus lisse et plus dans l'air du temps pour son blackened death metal. S'il serait malhonnête de ne pas y voir de talent, le côté crade et evil manque terriblement. Les Grecs gagneront certainement un nouveau public mais en ce qui me concerne, je retourne à Atonement Ritual !

Une énième évolution qui ne me convient pas. Je voyais pourtant en Ataraxy l'un des groupes les plus talentueux de la mouvance death revival. La nouvelle direction artistique vers un death metal plus lent et atmosphérique (plus doom, quoi !), me fait changer d'avis. C'est clairement bien fait mais plus pour moi. Adiós !