Bilan 2016 / Sagamore

Sorti de nulle part, le projet personnel de Will Skarstad (Yellow Eyes) aura réussi à tenir la dragée haute à toutes les sorties estampillées Black Metal de 2016. Superbe, mystique, presque dramatique, d'une richesse et d'une profondeur qui donnent plus à vivre qu'à être écoutées. Album de l'année, de très, très loin, et une claque Black Metal comme je n'en avais pas prise depuis une éternité.

Le drame, c'est que ce skeud soit passé aussi inaperçu, aussi bien parmi les auditeurs que le webzinat. Allez l'écouter. Maintenant.

Superbe album, sans aucun doute le sommet de la riche discographie des polonais. Leur recette de "Free Black Metal", qu'ils ont affiné au fil des sorties, devient purement et simplement parfaite. Conjuguant l'ancien, le neuf, mélangeant sans vergogne les influences et les prises de risques, "Księżyc milczy luty" m'a rendu complètement fou. Tout le temps en équilibre entre la beauté céleste et la mélancolie déchirante, le dernier né de Furia rappelle à la fois les charges véhémentes des débuts et les passages plus expérimentaux qu'ils affinent depuis "Grudzien...". Je vous le dis, s'il n'y avait pas eu Ustalost...

Avec le Nails, probablement la sortie "bulldozer" la plus efficace de l'année. Son gonflé aux amphétamines, brutalité incroyable, Rotten Sound n'a jamais réellement déçu et ce "Abuse to Suffer" vient trôner au sommet d'une discographie qui aura toujours placé la violence brute et la disto grasse en préoccupations majeures. Le Grindcore est toujours grand absent des bilans de fin d'année, pourtant, niveau "brute épaisse", ce Rotten Sound piétine sans grande pression ses congénères.

Une sacrée raclée, aussi courte qu'explosive, sans aucun temps mort ni aucune forme de pitié. Rien de plus à ajouter. A ranger aux côtés du Rotten Sound pour les baffes Grindcore de l'année.

Un peu de la triche, puisque cette compilation contient les deux premières démos de Caverne, sorties respectivement en 2012 et 2013. Néanmoins, elles sont d'une qualité telle que cette réédition au format CD est une aubaine pour découvrir ce que le one-man band peut vous offrir : un Black Metal aussi sincère que poignant, totalement habité et dévoué. Dans un océan de clichés et de blasphème de façade, Caverne est rafraîchissant.

J'aime The Body. J'aime encore plus Full of Hell. Le mélange des deux ne pouvait qu'être explosif, et c'est le cas. On parlait d'expérience musicale, cette collaboration en est une, et l'on ne pourra qu'adorer, ou détester. Ce qui est sûr, c'est qu'elle est exigeante, inhumaine et relève plus du masochisme que du plaisir simplet. Excellent. Tout le monde s'est arrêté sur "No One Deserves Happiness" dans ce bilan de fin d'année (et à raison, il est exceptionnel), mais cette collaboration me touche presque plus. Place méritée.

Je vais paraphraser Ikea : "Ce sera probablement le dernier album de DsO "pur jus" que j'achèterai". Il est toujours indéniablement au dessus de la concurrence, mais... Il est trop court, trop dans la vitesse de croisière, un peu dans l'autocaricature. Le surdoué de la classe commence à être un peu pénible dans sa régularité sans aspérités. Et puis, je dois bien avouer que le DsO de "Si Monvmentvm" me manque cruellement... On a déjà tout ce qu'il faut en Black/Post-Hardcore/Machinchose.

... Et, par extension, son appendice "Zon". Encore une bonne surprise sortie de nulle part. One-man band batave de l'écurie Haeresis Noviomagi, qui accouche d'une pépite de Black Metal racé, solennel et grave. C'est aussi obscur que prenant. Vivement la suite.

Découvert sur le tard avec la sortie de "The Xun Protectorate", Khonsu est un duo qui mérite définitivement que l'on s'intéresse à lui. Ce dernier album, s'il n'évite pas quelques fautes de goût, est impressionnant de travail et de minutie, cinématographique dans l'âme et possédant un goût de "reviens-y" évident.

J'attendais pas grand chose du groupe, que je trouve être d'une qualité certaine. "Magma" m'a surpris par sa "douceur" et sa variété, je l'ai trouvé touchant et ce en toute simplicité. Il manque peut-être un poil de passages violents comme les français savaient nous en proposer, mais il reste un disque hautement qualitatif.

"Surprise", c'est vraiment le mot adapté, tant l'album ne ressemble à rien d'autre, aussi bien dans l'univers de la musique extrême que dans la propre discographie de Diapsiquir. Je n'ai même pas encore d'avis tranché sur ce disque qui me laisse le derche entre deux chaises.

Mais tout surprenant soit-il, il n'arrive pas au talon du fantastique "A.N.T.I."

C'est bien dommage qu'ils aient à ce point changé de son et de direction, le Grindcore abrasif et sans concession d'antan manque cruellement à ce "Voices", bien trop poli et propre pour être honnête. Pas mauvais, mais clairement pas du Wormrot.

Encore une déception Grindcore avec ce disque de Magrudergrind, que j'attendais pourtant au tournant. Bien moins furieux et mordant qu'à l'accoutumée, un disque que j'ai très, très vite oublié contrairement au dévastateur album-éponyme que je continue d'écouter.

"Déception" ne signifie pas forcément que l'album est mauvais, loin s'en faut. Ce Terra Tenebrosa est de grande qualité, très bien fichu. Et pourtant... J'aurais aimé retrouver la complexité cauchemardesque de "The Tunnels" et "The Purging". "The Reverses" est trop simple sur sa forme, pas assez aventureux, je les attendais clairement plus loin. Peut-être pour le prochain album ?

C'est bien l'un des premiers Belenos que je n'ai pas envie de relancer après sa première écoute... S'il y a toujours des instants ultimes, je trouve que Loïc Cellier tend de plus en plus à s'autocaricaturer et à donner dans la tartine. Trop long, pas assez marquant. Dommage.

Un disque correct de Death inspiré, un mauvais Bölzer. Incroyablement quelconque pour un duo qui nous avait habitué à du flamboyant, du pompier, qui touchait le superbe du doigt. C'est long, c'est mou, c'est emmerdant, à part une ou deux fulgurances. Avant, on tutoyait les dieux de l'Olympe, maintenant, on est dans le salon de thé de l'EHPAD du quartier.

Sacrément mou du bulbe et quelconque venant du géniteur de Aevangelist. Cet album aura plus pris de ses errances au mieux pénibles, au pire ennuyeuses, au sein des ses cinquante projets parallèles. Raté !