Bilan 2016 / KPM

Le voilà, le disque qui m'a le plus étonné et marqué en 2016. 25 minutes de death metal audacieux et maîtrisé, ne reniant pas ses origines old school mais osant évoluer avec cette touche prog et cosmique finement distillée à travers des riffs virevoltants. Cadaveric Fumes n'est ni plus ni moins que le meilleur groupe actuel de death metal en France selon moi, un groupe encore jeune mais déjà plein de caractère et se démarquant de la meute.

Depuis son grand retour pour montrer à tous qui est le maître du death metal old school, Asphyx n'a pas fait un seul faux pas. Si on pouvait peut-être "craindre" une légère lassitude sans un petit effort d'originalité pour ce nouvel album, les hollandais ont réussit à sortir des compositions se renouvelant juste ce qu'il faut ! A part ça, tout est comme il se doit : lourd et brutal avec un Van Drunen qui met la branlée au chant.

J'aurais voulu plus, mais je me délecte de tout ce que nous distillent les grecs. Ce deux-titres ne fait pas exception à la règle : un premier morceau qui prouve que Dead Congregation est à l'aise même sur un terrain plus doomy, puis un « Wind's Bane » parmi les compositions les plus violentes du groupe.

Cela fait environ 6 ans que je suis Ulcerate qui a été une énorme révélation musicale à l'époque. Déçu par un Vermis dénué d'âme et se reposant sur ses attraits techniques, j'ai retrouvé avec ce disque ce qui me plaît tant chez les néo-zélandais : un bouillonnement sanguin et froid qui tranche sans pitié et pourtant avec une classe et une finesse sans nom, notamment grâce à leur batteur au feeling incroyable.

La Finlande, terre de death metal et de doom. Coïncidence ou pas, le nouveau Krypts est la conjoncture de ces deux styles avec un léger penchant funeral qui n'était pas présent sur l'album précédent. Changement aussi concernant le type d'ambiance développée : Krypts a quitté la tranchée boueuse de Unending Degradation et se perd dans les abysses spatiaux. 10 minutes de plus n'auraient pas été de refus malheureusement !

Un album spatial, original, montrant plusieurs faces. Entre le death technique flirtant avec les étoiles par ses riffs virtuoses et une vision plus brute de décoffrage et caverneuse du style. Starspawn démontre que Blood Incantation possède un talent de composition à en faire rougir plus d'un et n'a pas peur de sortir des sentiers balisés du death metal. Seul bémol : il manque 10 minutes de son !

Je n'attendais rien du tout de ce nouveau Bölzer et ne l'ai écouté que début janvier pour être honnête, mais je me suis rendu très vite à l'évidence. Incroyablement audacieux, grandiose, antique, mythologique, épique à mort. C'est une lutte physique et spirituelle de l'homme pour s'élever au rang de héros. Le travail des voix est phénoménal et ancre le propos du disque dans un plan mi-terrestre mi-astral, toujours rythmé par les pulsations militaires d'un HzR au style unique. Quant à KzR, tour à tour il dialogue, harangue, invective les forces de la nature et les Dieux de l'Olympe. Pour résumer : la pochette et le nom de morceau « Spiritual Athleticism ».

Pas beaucoup à se mettre sous la dent, mais l'entité bicéphale Teitanblood étant tellement loin de la concurrence, il fallait lui réserver une place d'honneur au bilan pour ce nouveau morceau aussi noir, malsain et grouillant dans les ténèbres profondes. Une créature difforme, aux aguets pour nous attirer dans son antre dès que l'occasion se présente, afin de nous déposséder du moindre bout d'âme restant.

La Guerre, la vraie. Celle qui transforme l'homme en loup pour l'homme. La guerre fratricide dictée par les pulsions de mort propres à chacun. Le conquérant Ryan Förster accompagné de l'inhumain James Read nous offrent tout ce qui peut se faire de mieux en black/death : porter l'extermination de masse au rang d'art et susciter des envies meurtrières par une simple exécution de ce style réservé aux apôtres de l'intolérance.

Neurosis semble être revenu à quelque chose de plus simple, direct, "efficace" si tant est que le groupe a déjà "cherché" à être efficace plutôt que de l'être en conséquence de la brutalité intrinsèque de son introspection recrachée douloureusement. En tout cas, seulement 5 titres pour 40 minutes, bien moins de longueurs et des compositions allant à l'essentiel. Et pourtant, Neurosis en dit long, même en faisant moins que d'habitude : le signe d'un groupe dont la qualité n'a jamais baissée depuis 30 ans, seulement évoluée dans sa forme.

Difficile de savoir à quoi s'attendre entre chaque album avec ces deux-là, et bien encore une fois ils m'ont mis sur le cul. Ce disque est étrangement envoûtant, attirant bien que répugnant à bien des moments. Un vrai crève cœur à la gueule d'ange difforme comme pouvait l'être Christs, Redeemers dans ses passages lyriques. The Body fait mal, très mal, même en arborant une pochette rose...

Une bonne synthèse à la française des scènes finlandaises et norvégiennes, entre black bestial et breaks rock'n'roll ravageurs. Très bonne exécution et finition pour un premier album et malgré quelques petits défauts, on se laisse facilement happer par l'ambiance dégagée ainsi que les samples finement choisis. Satan !

Tout ce qu'on peut attendre d'un groupe de black/death, avec assez de talent de composition pour faire oublier un manque d'originalité. Sauvage, intense et noir, parfois halluciné. Très prometteur premier album pour ce qui ressemble actuellement le plus à deux de mes groupes préférés : Diocletian et Teitanblood.

Si le cousin Cadaveric Fumes est selon moi le "meilleur groupe actuel de death metal en France", en revanche Venefixion est clairement le plus efficace, hargneux et sauvage. K. Desecrator prouve une fois encore qu'il sait tout faire, et encore plus jouer du death old school dans la tradition Autopsy, Repugnant etc. 3 nouveaux morceaux qui empestent le fond de crypte et viennent nous bousculer par ce riffing frénétique et punk as fuck.

2016 aura donc été l'année où j'ai commencé à m'intéresser au heavy metal, ce qui tombe bien car Eternal Champion nous a sorti là un pur album ancré dans la tradition Sword & Sorcery, sans tomber dans le kitsch. Une voix pleine de classe, des compositions variées et travaillées aux mélodies épiques, le tout servi par un gros barbare des cimes enneigées, comment dire non ?

J'ai longtemps hésité à mettre ce dernier Deströyer 666 en "album de l'année", mais au final il tient plus de la surprise car je n'attendais pas KK et ses sbires sur un black/thrash bien plus old school et heavy/speed dans l'esprit et l'écriture que les derniers albums. Je place Wildfire en dessous du reste de la discographie, cependant je ne fais absolument pas partie des déçus, bien au contraire !

Il fallait que je fasse figurer Arctic Thunder dans mon bilan, pour une simple et bonne raison : le morceau du même nom est la plus grosse claque que j'ai pris en 2016. Comme quoi, on peut faire beaucoup avec peu et c'est exactement à ça que tient le reste de l'album : un Darkthrone très roots, fidèle à son retour aux sources entamé depuis de nombreux albums et toujours au top pour nous sortir des soli à se damner ! Surpris donc, car pas ce à quoi je m'attendais après l'énorme The Underground Resistance, mais un peu moins conquis.

J'adore Fistula, mais là... Comment dire, il va falloir se sortir les doigts car ça commence à sentir le réchauffé et même si leur mix punk/sludge des dernières années fonctionne bien chez moi, les morceaux de cet album sont loin d'être les meilleurs qu'ils aient enfantés. Au moins ça défonce en live et ils sont très très sympas, voilà.

Trop de blabla, trop de battage médiatique, trop de "no bullshit bro", trop de compression, trop de trop... Et surtout, moins d'efficacité, moins d'accroche, moins de bouches cassées... C'est simple, si à la première écoute d'un album de Nails je n'ai pas envie de le remettre tout de suite, c'est une déception. Big up à la pochette de Wrest qui est tout de même excellente.