Bilan 2017 / KPM

Anatomia signe ici son chef d'oeuvre, parachevant l'évolution commencée sur Decaying in Obscurity en poussant son vice jusqu'à flirter avec le funeral sur la deuxième moitié d'album. D'un gris faussement bleuté de bloc opératoire, glacial, chirurgical, méthodique, déviant, voilà ce qu'est Cranial Obsession. Désincarné, mais au final tellement humain dans sa perversité.

En 2017, Foreseen aura fait la nique à leurs cousins Power Trip, je le clame haut et fort. Grave Danger ne s'arrête jamais, toujours plus vite, toujours plus à la limite de la rupture tellement les Finlandais semblent se mettre en péril plus d'une fois. Des breaks à casser des gueules, du riff thrash à tire-larigot et un batteur qui joue avec une deuxième paire de bras, le tout servi par monsieur neuski de service au micro.

La violence à l'état pur, l'album le plus brutal que j'ai pu écouter cette année. Comment en douter avec l'actuel batteur de Funebrarum en charge de sulfater avec brio tout ce qui bouge ? Encore traumatisé par l'avalanche qu'est le début de la première chanson. La férocité des vocaux vient aussi ajouter à cette course à la mort, pour rendre un album certes peu varié, mais absolument sans pitié.

Ce premier album des Allemands brille pour moi dans l’interprétation personnelle d'un black metal pourtant assez classique. De nombreuses inspirations distillées ça et là surprennent l'oreille et l'écriture des morceaux accroche tout de suite, notamment ce premier titre lancé sauvagement par un rugissement abrupt. Efficace au possible de surcroît et agrémenté d'une magnifique pochette.

Alors, ce deuxième album de Power Trip aurait pu finir en tant que déception par rapport à son prédécesseur, mais ça aurait été bien trop dur avec un des groupes les plus excitants dans la scène thrash/crossover des dernières années. Nightmare Logic montre un changement de style notable dans l'écriture, plus "metal" et moins hardcore dans l'âme, avec un son plus propre dépossédé de sa reverb outrancière. Mais Power Trip fusille encore à tout va. Mention spéciale aux 2/3 derniers morceaux qui terminent les blessés à la chaîne.

Je n'ai pas écouté ce premier album de Ritualization autant que j'aurais dû après l'avoir acheté, mais il mérite indéniablement sa place dans ce bilan. Les Français ont atteint un tel niveau de maîtrise de leur death metal lorgnant avec parcimonie sur le black, c'est impressionnant. Le disque transpire l'inspiration, la facilité et la brutalité. Blastum est incroyable de justesse derrière les fûts avec un jeu aéré, sachant distribuer avec alternance des patterns toujours bien sentis et matraquant la gueule quand il le faut.

Ce disque est un véritable marteau pilon. La rythmique est implacable et le son de guitare massif vient mettre un sacré coup sur l'occiput. Pourtant pas un inconditionnel de "la lourdeur pour la lourdeur", en tant que batteur, je trouve dans cet album une rigueur quasi martiale à tabasser qui me rend accroc. Les riffs sont taillés pour faire plier la nuque, mais les quelques incartades du côté des leads/arpèges lancinants apportent plus de profondeur aux morceaux. On peut même entendre le chanteur troquer son growl abyssal pour des vocalises sur l'avant-dernier titre, qui se démarque le plus par ses sonorités mélodico-solennelles.

Difficile de se faire une place dans la scène actuellement ultra saturée du black/death guerrier. C'est pourtant ce qu'a fait Ululatum Tollunt avec cet EP à mon sens, avec brio. De façon subjective, je trouve leurs morceaux plus violents dans la composition que ceux de leurs concurrents. Rien que pour le chaos total provoqué par l'opener, je leur donne bien volontiers le titre de dignes successeurs de Diocletian.

Vous aimez le death metal lorsqu'il rampe, grouille et démembre sournoisement par derrière ? Tomb Mold c'est exactement ça, un condensé de pourriture rendant hommage aux heures de gloire des scènes finlandaise et suédoise des années 90. Les riffs suintent la mort et le groove alambiqué vient péter la nuque. Rien de neuf à l'horizon, mais l'assurance d'un plaisir pervers d'une demie heure.

Ayant toujours manqué d'intérêt pour Degial, c'est effectivement avec beaucoup de surprise que j'ai découvert Predator Reign. Quelle branlée, je ne m'attendais pas à bouffer du Morbid Angel sous amphétamines de guerre, aux relents de Pete Helmkamp pour le chant. Un disque intense blindé de riffs hargneux et de blast à foison, dans la grande lignée du death metal composé avec savoir-faire et joué sans concession.

Athenar, tu m'as déçu mon pote... En 2017, c'est bien ce Midnight qui me laisse la plus grande amertume, alors que la pochette m'avait tout emoustillé. Sans être particulièrement mauvais, Sweet Death And Ecstasy est à mille lieux de la folie de ces deux prédécesseurs et manque cruellement de fougue et d'audace, un comble pour du speed rock & roll. La faute a des compositions qui ne s'emballent jamais réellement et ne provoquent pas le frisson "lust, filth & sleaze" lorsque sonne minuit.