Bilan 2017 / Keyser

Après un Never To Dawn aussi surprenant qu'excellent, les Maltais poursuivent dans leur évolution plus moderne et lisible avec ce Beast Incarnate tout aussi réussi. Du brutal death avec de vrais riffs, un vrai feeling mélodique et une vraie ambiance tout en continuant à bien bourrer, c'est quand même autre chose!

Les années ne semblent pas avoir d'emprise sur Dying Fetus qui continue de sortir des albums de qualité. Ils signent même ici leur meilleur opus depuis Destroy The Opposition. Un groove indécent et une technique toujours aussi affûtée avec par-dessus une bonne grosse tartine de brutalité qui donne envie de tout casser font de ce Wrong One To Fuck With un des opus à retenir en matière de brutal death à tendances core. Eh ouais, faut vraiment pas les faire chier Dying Fetus!

Après deux albums bien mais pas tops, le grand Immolation est de retour. Atonement contient son lot de riffs tordus, d'ambiances vicieuses et menaçantes et de growls infernaux, toutes ces bonnes choses à consommer sans modération qui ont fait la renommée des New-Yorkais. Incroyable de les voir encore à un tel niveau. Chapeau bas Messieurs!

Il aura mis le temps à venir ce 1er full-length de Ritualization, après plus de 10 ans à ravager les scènes françaises et européennes avec leur blackened death metal sauvagement jouissif. Mais l'attente en valait la peine. Riffing chirurgical, brutalité radicale, vocaux possédés, ambiance de bouc, tout y est, avec même un surplus de feeling death old-school. Entre Sadistic Intent, Angelcorpse et Centurian, Ritualization impressionne morceau après morceau sur ce qui est ni plus ni moins que l'album metal français de l'année.

De grande qualité même si pas forcément le meilleur album de Sinister depuis sa reformation, Syncretism montre les Néerlandais arrêter cette course aux blasts qui commençait à lasser sur l'opus précédent pour insuffler davantage de feeling old-school et d'ambiance, tout en continuant à bourrer joyeusement quand il le faut. Bon, les quelques claviers ne sont pas très heureux mais ça fait plaisir de voir un autre vétéran de la scène death metal faire perdurer son héritage contre vents et marées. Rien que pour ça, ça valait bien une place au bilan!

Trial m'avait déjà envoûté sur son dernier album Vessel. Ils font encore plus fort ici en développant tout ce qui faisait déjà le charme du précédent. Voilà du heavy metal de haute volée qui ne se contente pas de pomper les aînés, malgré les déférences notables envers Mercyful Fate, y injectant même toute sa personnalité. Un voyage onirique magnifique qui colle des frissons, notamment grâce à un chanteur exceptionnel, et n'oublie pas pour autant l'efficacité. Chez moi, on appelle ça un chef-d'œuvre.

Lui aussi il s'est fait attendre après un premier album très prometteur! Resurgency dépasse toutes mes espérances avec cette énorme tuerie qui rappelle les plus belles heures du death metal estampillé Tampa, Brutality en tête. L'album DM de l'année, tout simplement!

Il y a eu deux chefs-d'œuvre rayon heavy metal en 2017. Les magiciens de Trial et ce second album d'Attic. Pourtant, l'influence King Diamond ostentatoire, limite plagiariste surtout au niveau du chant de Meister Cagliostro, m'avait refroidi sur le premier méfait des Allemands que je n'avais du coup pas approfondi. Mais difficile de résister plus longtemps au talent incroyable de la formation, tant en matière de feeling mélodique ensorcelant que de lignes de chant ultra addictives. Sur plus d'une heure vite passée, Attic tutoie la perfection sur treize morceaux qui sont autant de démonstrations superbes de la part des musiciens, guitaristes et chanteur en tête. Le 10/10 n'était pas loin. Eh oui, l'album de l'année, c'est bien lui!

Cenotaph se rappelle à notre bon souvenir en sortant rien moins que son meilleur album. On aurait pu croire que le départ de Lille Gruber aurait mis un coup derrière la tête à ces vétérans mais le chanteur-fondateur a su s'entourer de musiciens talentueux pour repartir de plus belle. À la fois ultra brutal et technique, le disque patauge dans une ambiance putride et huileuse délectable que n'auraient pas renié Defeated Sanity, Disgorge, Deeds Of Flesh et Suffocation. Le brutal death US quand c'est joué de cette façon, c'est quand même super cool!

Ça arrive de nulle part mais ça sait où ça va! Ce premier EP des Américains mélange avec brio black, thrash et death pour taper sans vergogne sur les religions monothéistes (oui, même celle qu'il ne faut pas) à grands coups de riffs tranchants et de mélodies blasphématoires, pour un résultat pas très éloigné de Arghoslent et Grand Belial's Key. Ça promet pour la suite!

On se tve à vovs le dire, le Chili c'est la vie! Svrtovt en matière de death metal noir comme le trov du cvl de Satan. Ce premier longue-dvrée de Son In Curse en est une novvelle prevve. Qvelle pvissance, qvelle ambiance!

Une belle découverte que ce groupe anglais encore méconnu au patronyme rappelant un des méchants les plus emblématiques du cinéma. Son premier album montre un potentiel très prometteur pour un death metal moderne (mais pas trop non plus, faut pas déconner!) et mélodique des plus efficaces et inspirés. On attend déjà la suite avec impatience.

La Grèce, on aime bien ici aussi. War Possession prend le funeste du finlandais, l'evilness d'un Incantation, les thématiques guerrières de Bolt Thrower, la lourdeur d'un Asphyx et la bestialité du black metal d'un Archgoat pour nous sortir un album de death metal des plus jouissifs, pas loin de leurs compatriotes talentueux d'Embrace Of Thorns et Dead Congregation.

Après des sorties plus inintéressantes que les autres depuis plusieurs années malgré un tout premier album excellent, Father Befouled était pour moi mort et enterré. Mais voilà-t-y pas que les Américains ont enfin retrouvé l'inspiration pour nous ressortir un hommage à Incantation digne de ce nom. Celle-là, je ne m'y attendais pas et ça fait d'autant plus plaisir!

Je n'avais jamais adhéré plus que ça au blackened death old-school des Français. À l'écoute de ce nouvel album, je me demande bien pourquoi tant il rassemble tout ce que j'aime dans le style. Alors oui c'est un peu répétitif mais cette orgie de blasts et de riffs evils, dans une ambiance sauvage à l'ancienne presque sud-américaine, me rend dingue.

Alors qu'Azarath avait illuminé son style barbare sur sur le génial Blasphemers' Maledictions, les Polonais font ici un pas en arrière sur un album qui aurait plutôt dû sortir avant son prédécesseur tant il fait le pont entre la radicalité polono-sud-américaine de la grande partie de sa carrière et le blackened death plus mélodique mais toujours viscéral de l'opus de 2011. Même sans cet anachronisme, In Extremis manque de toute façon d'inspiration pour ne pas décevoir malgré des qualités indéniables qui n'en font pas non plus un album tout pourri.

Encore un groupe de death old-school qui prend le chemin de Tribulation et compagnie dans un death light plus réfléchi, plus prog, bref plus chiant! Il est loin le temps d'Excoriate...

Bon, on le sait, Incantation ne retrouvera jamais la splendeur infernale de son triptyque des débuts. Mais ça restait du costaud. Là on se fait plutôt chier sur l'album le moins inspiré de la discographie des Américains. La recette est toujours la même mais cette fois-ci ça a vraiment du mal à prendre. Ça m'emmerde dire ça à propos d'un des groupes que je respecte le plus dans la sphère death metal mais c'est pourtant le cas: Incantation a déçu...

Eh oui, un groupe grec peut décevoir! Malgré mon amour pour cette scène, on ne peut pas dire que le retour de Necrovorous ait fait sensation. Toujours du death old-school poussiéreux et carverneux mais bien moins inspiré que le premier album qui m'avait fait retenir le nom du groupe. Avec la surpopulation de cette scène, il faut bien faire des choix. Necrovorous n'en fera pas partie cette année, à ma grande peine.

S'il y avait un groupe sûr, c'est bien Midnight qui fait fureur ces dernières années avec son heavy metal rock 'n roll from Hell bien sale et sexuel. Autant dire que je m'attendais pas du tout à ce que les Américains me déçoivent sur ce troisième album. C'est pourtant bien le cas. Mollasson, peu inspiré, trop propre, il manque de tout ce qui faisait le charme pervers du combo.

Pas que j'en attendais grand chose après l'expérimentation catastrophique "I" mais le retour annoncé au death metal classique qui a fait la grandeur de Morbid Angel aurait pu redorer le blason de la légende. Pas vraiment car si les Floridiens reviennent bien vers le son qu'on leur connaît, l'inspiration n'est pas au rendez-vous. Riffing quelconque, quasi absence de solos, brutalité sans âme, batterie plastique, production ultra compressée, artwork abominable, il n'y a pas grand chose à retenir de ce "K" malgré quelques éclairs pas suffisants pour l'empêcher d'atterrir dans la catégorie peu reluisante des déceptions de l'année. Vivement que l'euthanasie devienne légale!